25 mai - Négritude et philosophie en France au XXe siècle : problèmes, histoires et controverses
Colloque en partenariat avec le CIEPFC-ENS/ULM et l’IRSE (Université de Genève)
Samedi 25 mai 2013 de 10h30 à 18h 30 – Salle 235, 29 rue d’Ulm, Ecole normale, 75005 Paris
Organisation/ coordination scientifique : Nadia Yala Kisukidi (IRSE/UNIGE), Ghislain Waterlot (IRSE/ UNIGE), Frédéric Worms (CIEPFC/ Lille 3)
La négritude, mouvement littéraire, théorique et politique pluriel, qui se forma dans la période des années trente et après la Deuxième Guerre Mondiale, à Paris, autour des figures de Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, Aimé Césaire et Léon Gontran Damas, tissa des liens ténus et profonds avec la philosophie.
Pris dans un dialogue constant avec les courants philosophiques français de l’après-guerre - qu’il s’agisse des phénoménologies sartriennes ou merleau-pontiennes, du personnalisme de Mounier etc. - ou avec les pensées du début du XXe siècle, comme la philosophie de Bergson ou le néo-thomisme maritanien, certains penseurs de la négritude firent aussi le pari théorique d’affirmer la négritude comme philosophie, philosophie énonçant une certaine distinction de la personnalité et/ ou de la culture africaine. Cette affirmation suscita de nombreuses controverses dans l’espace intellectuel de l’Atlantique noir, tout en engageant un questionnement sur les enjeux d’une véritable théorie anticoloniale de l’émancipation, dont l’aboutissement serait celui d’une décolonisation concrète, matérielle et symbolique, mais aussi épistémique dans ses intentions.
L’enjeu d’une analyse des liens entre négritude et philosophie, en France, doit ainsi pouvoir être entendu en plusieurs sens : 1/ opérer, du point de vue de l’histoire de la philosophie, l’analyse généalogique des échanges conceptuels entre les penseurs et poètes de la négritude et certains courants philosophiques en France ; 2/ saisir les problèmes philosophiques spécifiques posés par quelques pensées singulières de la négritude ; 3/ circonscrire les limites et les dépassements du concept même de négritude, à travers les débats philosophiques qu’il engagea.
La tâche de telles réflexions consiste ainsi non plus seulement à aborder la question de la négritude à travers le champ des études littéraires et historiques, voire biographiques, mais à questionner la manière dont ce courant pluriel, de façon externe, affecta la philosophie et fut affecté par elle, pour tenter de se constituer, parfois, de manière interne, comme projet philosophique. Ce projet philosophique, disqualifiant toute atopicité théorique, permit la production de discours, de concepts, prenant la mesure du contexte racial et colonial dans lequel ils se forgèrent. Il fut toutefois parfois pris au piège de ce même contexte, en procédant non pas à une négation des discours de la race et de la couleur mais à leur réactivation à travers un processus de permutation ontologique (le néant est être) et axiologique (le mal est le bien).
Les réflexions menées auront ainsi pour fil directeur l’exploration des tensions, internes et externes, entre négritude et philosophie, en questionnant non seulement les influences philosophiques traversant les discours de la négritude mais aussi le projet d’une négritude pensée comme philosophie. Cette exploration ne pourra pas exclure la mise en avant des débats et des interrogations qui traversèrent, en France, l’espace philosophique et dont de nombreuses revues se firent l’écho - de L’Etudiant Noir à Présence Africaine, en passant par Esprit ou Les Temps Modernes etc. – esquissant, parfois, l’ouverture à une approche post-coloniale et décentrée du sujet et de l’objet des savoirs.
PROGRAMME
10h30 : Introduction Frédéric Worms et Nadia Yala Kisukidi
Présidence de la matinée : Frédéric Worms
10h50 : Hubert Tardy Joubert (ENS Ulm) : « Sartre et la négritude : humanisme, révolution et littérature »
11h40 : Salim Abdelmadjid (ENSM lm) : « Négritude et dialectique : lecture d’Orphée noir par Fanon dans ‘Peau noire, masques blancs’ »
12h30M 12h40 : pause 12h40 : Matthieu Renault (London School of economics) : « Le genre de la race : Fanon, lecteur de Beauvoir ? »
13h30 M 15h : pause-repas
Présidence de l’après-midi : Ghislain Waterlot
15h : Valentin Yves Mudimbe (Duke University) : « A la naissance de Présence africaine : “La nuit de foi pourtant... ” »
15h50 : Dominique Combe (ENSMUlm) : « “Le noir et le langage” (Fanon) »
16h40M17h00 : pause
17h00 : Souleymane Bachir Diagne (Columbia University) : « Senghor et ses philosophes »
17h50M 18h30 : « La Négritude comme philosophie ? Critiques philosophiques et ouvertures »,
table-ronde avec les participants animée par Nadia Yala Kisukidi
La négritude, mouvement littéraire, théorique et politique pluriel, qui se forma dans la période des années trente et après la Deuxième Guerre Mondiale, à Paris, autour des figures de Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, Aimé Césaire et Léon Gontran Damas, tissa des liens ténus et profonds avec la philosophie.
Pris dans un dialogue constant avec les courants philosophiques français de l’après-guerre - qu’il s’agisse des phénoménologies sartriennes ou merleau-pontiennes, du personnalisme de Mounier etc. - ou avec les pensées du début du XXe siècle, comme la philosophie de Bergson ou le néo-thomisme maritanien, certains penseurs de la négritude firent aussi le pari théorique d’affirmer la négritude comme philosophie, philosophie énonçant une certaine distinction de la personnalité et/ ou de la culture africaine. Cette affirmation suscita de nombreuses controverses dans l’espace intellectuel de l’Atlantique noir, tout en engageant un questionnement sur les enjeux d’une véritable théorie anticoloniale de l’émancipation, dont l’aboutissement serait celui d’une décolonisation concrète, matérielle et symbolique, mais aussi épistémique dans ses intentions.
L’enjeu d’une analyse des liens entre négritude et philosophie, en France, doit ainsi pouvoir être entendu en plusieurs sens : 1/ opérer, du point de vue de l’histoire de la philosophie, l’analyse généalogique des échanges conceptuels entre les penseurs et poètes de la négritude et certains courants philosophiques en France ; 2/ saisir les problèmes philosophiques spécifiques posés par quelques pensées singulières de la négritude ; 3/ circonscrire les limites et les dépassements du concept même de négritude, à travers les débats philosophiques qu’il engagea.
La tâche de telles réflexions consiste ainsi non plus seulement à aborder la question de la négritude à travers le champ des études littéraires et historiques, voire biographiques, mais à questionner la manière dont ce courant pluriel, de façon externe, affecta la philosophie et fut affecté par elle, pour tenter de se constituer, parfois, de manière interne, comme projet philosophique. Ce projet philosophique, disqualifiant toute atopicité théorique, permit la production de discours, de concepts, prenant la mesure du contexte racial et colonial dans lequel ils se forgèrent. Il fut toutefois parfois pris au piège de ce même contexte, en procédant non pas à une négation des discours de la race et de la couleur mais à leur réactivation à travers un processus de permutation ontologique (le néant est être) et axiologique (le mal est le bien).
Les réflexions menées auront ainsi pour fil directeur l’exploration des tensions, internes et externes, entre négritude et philosophie, en questionnant non seulement les influences philosophiques traversant les discours de la négritude mais aussi le projet d’une négritude pensée comme philosophie. Cette exploration ne pourra pas exclure la mise en avant des débats et des interrogations qui traversèrent, en France, l’espace philosophique et dont de nombreuses revues se firent l’écho - de L’Etudiant Noir à Présence Africaine, en passant par Esprit ou Les Temps Modernes etc. – esquissant, parfois, l’ouverture à une approche post-coloniale et décentrée du sujet et de l’objet des savoirs.
PROGRAMME
10h30 : Introduction Frédéric Worms et Nadia Yala Kisukidi
Présidence de la matinée : Frédéric Worms
10h50 : Hubert Tardy Joubert (ENS Ulm) : « Sartre et la négritude : humanisme, révolution et littérature »
11h40 : Salim Abdelmadjid (ENSM lm) : « Négritude et dialectique : lecture d’Orphée noir par Fanon dans ‘Peau noire, masques blancs’ »
12h30M 12h40 : pause 12h40 : Matthieu Renault (London School of economics) : « Le genre de la race : Fanon, lecteur de Beauvoir ? »
13h30 M 15h : pause-repas
Présidence de l’après-midi : Ghislain Waterlot
15h : Valentin Yves Mudimbe (Duke University) : « A la naissance de Présence africaine : “La nuit de foi pourtant... ” »
15h50 : Dominique Combe (ENSMUlm) : « “Le noir et le langage” (Fanon) »
16h40M17h00 : pause
17h00 : Souleymane Bachir Diagne (Columbia University) : « Senghor et ses philosophes »
17h50M 18h30 : « La Négritude comme philosophie ? Critiques philosophiques et ouvertures »,
table-ronde avec les participants animée par Nadia Yala Kisukidi
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