Résumé :Je veux m’interroger dans cet exposé sur la manière dont il est possible ou souhaitable d’utiliser la logique pour parvenir à des thèses ou à des conclusions proprement philosophiques, et plus particulièrement, métaphysiques. Comment fonctionne le passage de la logique vers la métaphysique ? Qu’est-ce qui dans la logique informe positivement notre connaissance du monde ? Je soutiendrai que dans sa plus grande généralité, la logique offre des formes qui sont déjà des catégories du réel. Une abstraction sur ces catégories contribue à dessiner les formes du réel. Jules Vuillemin a examiné l’éventualité d’un passage de la logique au monde sensible par les méthodes abstractives de Alfred N. Whitehead et de Bertrand Russell. Dans leur continuité, je présenterai celle de Charles Peirce, qui se situe entre abstraction aristotélicienne et déduction transcendantale. Aux côtés de la géométrie dans le monde sensible de Jean Nicod et de la constitution de Rudolf Carnap, l’abstraction prescisive en particulier offre un outil pour penser l’effectivité des formes logiques dans le réel. Plutôt que d’une abstraction métaphysique à partir du sensible contrôlée par la logique, il s’agirait d’une abstraction métaphysique à partir de la logique et contrôlée par le sensible, un contrôle empirique de ces conclusions étant en effet indispensable. Dès lors, entre une déduction trop stricte et une induction trop lâche, la voie est bien celle de l’abstraction, mais d’une abstraction corrélée aux acquis des sciences.
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