Séminaire d’Alain Badiou
2012-2013 : L’immanence des vérités (2)
Un mercredi par mois, 20h
Ens - 45, rue d’Ulm – salle Dussane
Pour les autres séminaires d’Alain Badiou, voir ici.
Dans L’être et l’événement, publié en 1988, je proposais une théorie neuve (du moins je le crois…) concernant le triplet de l’être, du sujet et de la vérité. Il s’agissait de montrer que, sous condition d’un hasard (l’événement), pouvait se déployer, dans une situation déterminée, un processus créateur, infini et à valeur universelle, que l’on avait de bonnes raisons de nommer une vérité. Je montrais en outre que l’être d’une vérité n’est pas différent de ce qui constitue l’être de la situation où cette vérité surgit, à savoir une multiplicité de multiplicités, dont la pensée possible est toujours de type mathématique (c’est l’équation : mathématique = ontologie). Il n’y a donc pas dualisme, une vérité est de la même étoffe que le lieu où elle est progressivement créée. Enfin, je définissais ce qu’est un sujet — différent de l’individu en ce qu’il est toujours le sujet d’une vérité — comme le point différentiel local d’un processus de vérité.
Comme on le voit, mon souci, à l’époque, était de garantir une pensée possible de l’être des vérités à partir de la particularité des situations, sans avoir à accorder aux vérités, donc à l’universalité possible de la pensée, un type d’être irréductible. L’agencement : multiplicités, événement, sujet, permettait, grâce à une mathématique appropriée venue des travaux de Paul Cohen, d’établir qu’une vérité est universelle parce que son être est générique, ce qui veut dire : aussi peu marqué que possible par les particularités de sa situation. Je pouvais affirmer rationnellement qu’une vérité est, dans un monde particulier donné, une exception immanente.
Je voudrais cette année revenir sur cette immanence, et, par une sorte de renversement de perspective, examiner, non plus ce qu’est une vérité du point de vue du monde où elle surgit, mais ce que devient le monde quand il est perçu et pensé à partir d’une vérité. Ou encore : non pas justifier qu’un ordre mondain puisse tolérer une exception, mais examiner ce qui arrive à cet ordre quand il est travaillé par une exception. La question peut aussi se dire très simplement : en quoi une vérité peut-elle changer la perception de « son » monde, voire même la figure d’être de ce monde ? Et quelle est, dans cette supposée transformation, la fonction du sujet ?
On verra que pour en venir à cette pensée (capitale aujourd’hui, quand dominent les motifs appariés du monde invariable, de l’inexistence des vérités et de l’impuissance du sujet), il faudra détruire la thèse, encore plus dominante, de la finitude obligée des expériences existentielles ou cognitives. L’affirmation que le fini, à proprement parler, n’existe pas, et que le dogme de la « finitude humaine » est une imposture, est le commencement de toute libération.
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Calendrier :
24 octobre 2012
14 novembre 2012
12 décembre 2012
16 janvier 2013
20 février 2013
20 mars 2013
17 avril 2013
22 mai 2013
12 juin 2013
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Dans L’être et l’événement, publié en 1988, je proposais une théorie neuve (du moins je le crois…) concernant le triplet de l’être, du sujet et de la vérité. Il s’agissait de montrer que, sous condition d’un hasard (l’événement), pouvait se déployer, dans une situation déterminée, un processus créateur, infini et à valeur universelle, que l’on avait de bonnes raisons de nommer une vérité. Je montrais en outre que l’être d’une vérité n’est pas différent de ce qui constitue l’être de la situation où cette vérité surgit, à savoir une multiplicité de multiplicités, dont la pensée possible est toujours de type mathématique (c’est l’équation : mathématique = ontologie). Il n’y a donc pas dualisme, une vérité est de la même étoffe que le lieu où elle est progressivement créée. Enfin, je définissais ce qu’est un sujet — différent de l’individu en ce qu’il est toujours le sujet d’une vérité — comme le point différentiel local d’un processus de vérité.
Comme on le voit, mon souci, à l’époque, était de garantir une pensée possible de l’être des vérités à partir de la particularité des situations, sans avoir à accorder aux vérités, donc à l’universalité possible de la pensée, un type d’être irréductible. L’agencement : multiplicités, événement, sujet, permettait, grâce à une mathématique appropriée venue des travaux de Paul Cohen, d’établir qu’une vérité est universelle parce que son être est générique, ce qui veut dire : aussi peu marqué que possible par les particularités de sa situation. Je pouvais affirmer rationnellement qu’une vérité est, dans un monde particulier donné, une exception immanente.
Je voudrais cette année revenir sur cette immanence, et, par une sorte de renversement de perspective, examiner, non plus ce qu’est une vérité du point de vue du monde où elle surgit, mais ce que devient le monde quand il est perçu et pensé à partir d’une vérité. Ou encore : non pas justifier qu’un ordre mondain puisse tolérer une exception, mais examiner ce qui arrive à cet ordre quand il est travaillé par une exception. La question peut aussi se dire très simplement : en quoi une vérité peut-elle changer la perception de « son » monde, voire même la figure d’être de ce monde ? Et quelle est, dans cette supposée transformation, la fonction du sujet ?
On verra que pour en venir à cette pensée (capitale aujourd’hui, quand dominent les motifs appariés du monde invariable, de l’inexistence des vérités et de l’impuissance du sujet), il faudra détruire la thèse, encore plus dominante, de la finitude obligée des expériences existentielles ou cognitives. L’affirmation que le fini, à proprement parler, n’existe pas, et que le dogme de la « finitude humaine » est une imposture, est le commencement de toute libération.
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