Thursday, November 08, 2012

2013/02/08 Spectres de la Littérature (Séminaire de Sara Guindani et Marc Goldschmit)

PSYCHANALYSE/ LITTÉRATURE
Sara Guindani et Marc Goldschmit

Spectres de la Littérature

(Littérature et métaphysique IV)

ENS 45 rue d’Ulm, Paris.
De 18h à 20h, les vendredis 8 février 2013,22 février 2013, 29 mars 2013,
5 avril 2013,19 avril 2013, 24 mai 2013, 31 mai 2013. Salle Celan pour les séances 1 à 6,
et salle Beckett pour la séance 7.

IHEP — Séminaires 2012-2013

1re séance (8 février) : Marc Goldschmit, Kafka, la faim de l’écritu re et
l’animalitté rature.
2e séance (22 février) : Richard Anker, Henry James, le principe s pectral de la
représentation.
3e séance (29 mars) : Anne Simon, Le romanesque, spectre de la philosophie
(Proust).
4e séance (5 avril) : André Hirt, La poésie après la fin du monde.
5e séance (19 avril) : Marc Goldschmit,Ulysse au coeu r des ténèbres (Joyce,
Conrad).
6e séance (24 mai) : Laure Becdelièvre, Dans le miroir des Heures.
7e séance (31 mai) : Sara Guindani, Prous t spectrog raphe.

Spectres de la littérature, cela doit d’abord s’entendre au pluriel. Les spectres sont ce qui, dans la littérature, revient hanter et déstabiliser, inquiéter ou affoler ses autres (droit, philosophie, histoire, science : mathésis et institutions en général). Mais les spectres c’est aussi la pseudo-littérature, le journalisme littéraire, l’industrie du livre, les bavardages et les mondanités autour des livres, la mauvaise part de la littérature. Les spectres enfin sont ce qui se révèle à l’analyse spectrale de la peinture, de la photographie, du cinéma, du rythme, du travail du rêve, de l’inconscient; ils sont la passibilité de la littérature à se laisser altérer, hanter, troubler par l’autre, pour y trouver en quelque sorte sa vérité la plus intime. Le mot de spectre, par sa proximité étymologique avec le verbe latin spectare, fait signe vers la compulsion du passé à devenir visible, à se donner en spectacle. Et les revenants qui peuplent les pages de la littérature viennent troubler les vivants qui sont altérés par ces apparitions. L’écriture, en tant qu’acte de remémoration est littéralement une spectrographie, le lieu privilégié de l’apparition du temps
passé, mais aussi de l’actuel et de l’avenir. En tant que spectrographie, elle trouve dans les techniques de « capture » - du son, de l’image, de l’image-mouvement – des alliées précieuses : la photographie, la cinématographie, le grammophone – où le graphein et le gramma font revenir les spectres. Chaque texte peut alors être appréhendé comme la manière singulière de rendre visible ce retour des temps. Répétition, création, variation, transformation, deuil, mélancolie, sublimation, profanation, autant de régimes de la donation et de la remémoration du passé, du présent et de l’avenir par l’écriture. Loin de se borner à doubler les jours vécus par les souvenirs, la littérature joue un rôle actif et créatif dans cette singulière réinvention du temps.
Il importe aujourd’hui de faire revenir les spectres pour que, de nouveau, quelque chose arrive à
la littérature et par elle. Faire revenir les spectres pour rendre sensible l’affinité générale de la littérature et de la démocratie, et leurs points communs : le droit de tout dire, l’inadéquation à soi et à son concept, et l’existence critique à venir.

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